Une initiative lancée début 2017, Initiatives pour le Développement de l’Entreprise, connue sous l’acronyme IDEE – vise à freiner la migration irrégulière en encourageant les jeunes nigériens à croire en eux-mêmes en tant qu’hommes et femmes d’affaires indépendants – qui peuvent créer emploi pour d’autres.
C’est l ’idée et à ce jour, 86 jeunes entrepreneurs ont choisi de créer leur propre entreprise chez eux avec le soutien de ce projet de trois ans de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
L’une de ces start-up appartient à Soumana, 25 ans, qui propose le développement de sites Web, l’édition multimédia et la conception graphique.
Soumana fait partie des jeunes entrepreneurs nigériens qui ont participé au salon de l’emploi qui s’est déroulé le week-end dernier du 2 au 3 mars à l’Université de Tahoua au Niger, avec le soutien du ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection sociale du Niger.
Organisée par l’OIM avec l’incubateur local CIPMEN et financée par l’Union européenne, la «Foire de l’Emploi Tahoua» a réuni plus de 6 000 visiteurs et 133 entreprises locales au cours de ses deux jours. Il s’agissait du premier événement du genre au Niger, ont indiqué les organisateurs.
Parmi les participants figuraient des autorités locales et nationales, des représentants de l’UE, des partenaires médiatiques, des propriétaires de start-ups nationales et internationales, des représentants de la diaspora, des étudiants et des migrants de retour.
Avec Tahoua, Zinder et Niamey comme ses trois villes d’intervention, le projet IDEE vise à soutenir l’entrepreneuriat des jeunes à travers la création d’opportunités de travail local comme alternatives à la migration irrégulière pour les jeunes en manque d’opportunités économiques chez eux.
Financé par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale d’Italie, le projet IDEE est mis en œuvre grâce au soutien de ses partenaires: CIPMEN, Terre Solidali, Capital Finance et le ministère de l’Entrepreneuriat des Jeunes au Niger.
Pour stimuler l’engagement des jeunes avant la foire, une caravane a visité des écoles, des universités et des associations locales, grâce auxquelles près de 1 500 personnes ont été touchées et informées de l’événement.
Une initiative formidable
“C’est une initiative formidable et indispensable pour Tahoua. Espérons que cela ne représente que le début de l’avenir de notre ville”, déclare Seni, 22 ans, étudiante en droit à l’université de Tahoua.
Le Niger a les indicateurs socio-économiques et de développement les plus bas (188/188 Indicateurs de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement du PNUD, 2016), avec environ 40% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, ce qui pousse les gens à rechercher de meilleures opportunités de travail à l’étranger, généralement en Libye ou en Algérie.
Le Mécanisme de ressources et d’intervention pour les migrants (MRRM), financé par le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique, a été lancé en 2015 pour contribuer à la promotion d’une migration digne et sûre pour tous, ainsi que pour soutenir les efforts du gouvernement dans le développement d’une approche efficace aux flux migratoires.
Tahoua est un point de départ important pour les Nigériens qui migrent vers la Libye, principalement en tant que travailleurs saisonniers. En 2018, quelque 2663 Nigériens ont reçu une assistance pour le retour volontaire et la réintégration de l’équipe de l’OIM au Niger, dont 53% étaient originaires de Tahoua.
“Je ne peux pas imaginer un meilleur mélange d’acteurs travaillant ensemble pour créer des opportunités pour les rapatriés et les jeunes de Tahoua, une région avec une longue histoire de migration de main-d’œuvre vers la Libye. Ce salon de l’emploi donne vraiment le ton pour s’attaquer aux soi-disant «causes profondes» de la migration involontaire”, a déclaré Martin Wyss, chef de mission de l’OIM au Niger, lors du lancement.
À leur retour à Tahoua, l’OIM aide les migrants à se réinsérer afin de permettre aux rapatriés d’atteindre des niveaux d’autosuffisance économique et de stabilité sociale au sein de leurs communautés.
Salon de l’emploi du Niger
Bien que l’économie du Niger soit largement dépendante de l’agriculture de subsistance, en promouvant l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, des projets comme l’IDEE encouragent les jeunes diplômés à développer des start-up et à adopter une approche différente de l’emploi.
Pendant le salon de l’emploi, les rapatriés ont eu la chance de s’engager avec des chefs d’entreprise locaux, des bénéficiaires d’IDEE et la diaspora nigérienne résidant en France, en Belgique, en Italie, en Espagne et en Allemagne.
Tout au long de l’événement de deux jours, différents participants sont montés sur scène pour sensibiliser le public au potentiel de l’entrepreneuriat pour le développement économique du Niger. Au cours des huit ateliers, divers acteurs locaux ont répondu à des questions liées à l’incubation d’entreprises et aux opportunités commerciales.
Le salon de l’emploi a réussi à créer un espace permettant aux jeunes d’échanger et d’accéder aux opportunités de travail tout en augmentant la visibilité des toutes nouvelles entreprises locales.
Un hub de réseau sera bientôt créé afin de fournir à la diaspora, aux acteurs privés, aux autorités gouvernementales et aux jeunes entrepreneurs une plate-forme avec les informations pertinentes nécessaires pour soutenir davantage l’entrepreneuriat des jeunes.
“Le Niger a le potentiel de prospérer en termes d’entrepreneuriat car, tant qu’il y aura des besoins, il y aura des opportunités pour de nouvelles entreprises de se développer», a expliqué Soumana, l’un des jeunes entrepreneurs. «Pourquoi quitter le Niger pour être salarié alors que vous pouvez devenir employeur dans votre propre pays?”