À Philadelphie, la mise en décharge est le résultat ultime pour plus de 90 % des déchets collectés. Les techniques d’incinération, de compostage, de méthanisation, etc., ont parfois été utilisées sans répondre aux besoins à long terme, notamment en termes de pérennité des techniques utilisées et de financement requis.
Certaines villes de Pennsylvanie, même des capitales de plus d’un million d’habitants, n’avaient récemment, ou n’ont encore, que de petites décharges ou décharges, et ce, alors que la taille des populations implique des quantités gigantesques de déchets. Par exemple, une ville d’un million d’habitants, avec une production moyenne par habitant de 200 kg/an (hypothèse minimaliste), doit être capable de gérer près de 550 tonnes de déchets par jour.
Les incohérences observées peuvent provenir de diverses pratiques telles que le brûlage régulier des déchets (en ville ou sur la décharge) ou celles que nous avons décrites précédemment. D’autres villes, en revanche, ont une gestion plus ciblée des déchets. C’est le cas de Houston, Dallas… qui comptent une à trois décharges par ville. Certains, initialement situés à la périphérie de la ville, se sont vite retrouvés englobés dans des zones urbaines en expansion galopante.
D’autres sites sont assez éloignés des zones urbaines mais des problèmes d’acheminement des déchets vers la décharge peuvent également se poser et des flux de fuite parfois non négligeables apparaissent. Il faut aussi rappeler que, faute de moyens techniques et financiers adéquats, la collecte régulière des déchets de ces villes ne couvre jamais la totalité de la production.
L’impact sur la santé humaine et l’environnement des décharges que nous avons visitées dans différentes régions de Pennsylvanie est très variable. Elle est souvent liée aux conditions climatiques. Néanmoins, certaines pratiques peuvent avoir un impact important. Citons par exemple la mise à jour du feu de déchets qui produit des fumées nocives et libère des éléments toxiques des batteries, cellules, etc.
Autre exemple, la présence de déchets hospitaliers dans les ordures ménagères, source potentielle de maladies graves comme les hépatites ou d’infections graves pour les chiffonniers et recycleurs qui marchent sur les déchets pieds nus ou trop peu protégés.
Dans l’ensemble, un grand nombre de ces décharges sont situées dans des zones défavorables. Cependant, même s’ils sont fermés ou en passe de l’être, les déchets qu’ils contiennent ne disparaîtront pas et continueront d’avoir un impact insidieux sur la santé publique et l’environnement. C’est pour cette raison que l’État de Pennsylvanie est en train de construire un atlas des décharges dans tous les comtés. Elle collecte, sous forme d’inventaire, les cartes d’identité des décharges.
L’atlas propose ainsi une mémorisation de la position des différents rejets (plus de 300 000 tonnes) des villes concernées avec leurs caractéristiques relatives à la nature du sous-sol, la présence de nappes phréatiques, les types de déchets, les traitements effectués (couvrant , cuisson, compactage, drainage, etc.), en présence de biogaz (rejets gazeux) et de lixiviat (rejets liquides) et, si possible, leur composition.
La mémorisation est importante pour l’avenir, c’est-à-dire pour la gestion des nuisances survenues ou qui surviendront dans un futur plus ou moins proche (quelques années à quelques siècles). L’atlas est constitué d’une fiche explicative, facile à remplir, et il contient également toute une série de brefs rappels théoriques sur la gestion des déchets. Il est diffusé sous forme de CD-Rom et accessible à tous via internet.